Enfin deux mois de vacances tout pour elle où elle pouvait répondre à l’éternel interrogatoire… “que fais-tu-Jeanne?- Je m’amuse maman.”
Ah, finalement!
Elle était libre, pas d’école et de devoirs surtout. Seulement de la bonne lecture, des sorties agréables en plein air et d'autres plus instructives!
“ Où va-t-on aujourd’hui” était l’ éternelle demande qu'elle faisait à sa mère dès les heures du petit matin? …
“Aujourd’hui nous allons visiter tel lieu et tel autre ma chérie et demain dimanche, nous irons visiter l'île d'If lui répondait-elle, elle te séduira tu verras".
Elle n'en crut pas ses oreilles et ne dormit de la nuit…
Et c’est de bonne heure le lendemain, que toute la famille y compris son père, s’embarquèrent sur le quai du Vieux-Port… ( Lieu de naissance de la cité phocéenne, aménagé au XIXe siècle).
Pendant la deuxième guerre mondiale, sous l'occupation allemande, le quartier du Vieux-Port fut détruit en février 1943, après l'expulsion des habitants du Vieux Marseille. La reconstruction fut réalisée au cours des années 1950. Il porte ce nom depuis le 22 janvier 1915, par délibération du conseil municipal, afin de perpétuer parmi les Français le souvenir de l'héroïque résistance du peuple belge et de ses souverains qui ont permis à leurs armées de s'organiser et de faire face à l'envahisseur.
Au loin, veillant sur la population, la " Bonne Mère Notre Dame de la Garde.”
…un petit bateau donc, les emportait sur l' îlot sauvage, qui se trouvait à vingt minutes de navigation au large de Marseille, refuge occasionnel pour les pirates et contrebandiers ou les pêcheurs surpris par les tempêtes.
Ce fut le premier vestige de beauté que Jeanne n’eût jamais visité. La mer pétillait sous la flambée des rayons du soleil qui la remplissaient d’extase.
Sur ce petit îlot se dressait un Château dont l'histoire oscille sans cesse entre la réalité et l'imaginaire *. Il fut achevé et armé le 15 juillet 1531. La garnison était de 60 hommes et pouvait être augmentée à 300 en cas d'alerte. Ce Château fut classé monument historique le 7 juillet 1926.
On y enferma toutes sortes d'opposants au pouvoir royal, ses cellules virent passer des fortes têtes. Certains séjournaient dans des salles obscures, d’autres se trouvaient sous les tours, un trou au plafond et une grille qui ne laissait passer qu’un fil d'air.
Entre mythe et réalité, le Château d'If évoque également au visiteur les personnages du "Comte de Monte-Cristo" d'Alexandre Dumas, même si José Custodio Faria et Edmond Dantès n'y ont vraisemblablement jamais séjourné.
À partir de 1689, de nombreux protestants périrent entre les murs humides de ces terribles cachots, tandis que des conditions de détention plus favorables étaient offertes aux prisonniers de marque, femmes volages ou fils de famille indisciplinés comme le jeune comte “Honoré-Gabriel Riquetti, plus communément appelé Mirabeau, né en 1749 au Bignon-Mirabeau, mort en 1791 à Paris, révolutionnaire français, ainsi qu’ écrivain, diplomate, franc-maçon, journaliste et homme politique français, surnommé l’Orateur du peuple et la Torche de Provence, il reste le premier symbole de l’éloquence parlementaire en France.
Jeanne aimait écouter la légende de ce mystérieux Château, elle restait fascinée devant cette forteresse, ces cachots humides trop étroits et sombres la troublaient. Séduite, elle se laissait transporter par l'imagination... elle entendait les complaintes des prisonniers… elle sentait vibrante leur souffrance... le bruit des vagues qui se brisaient sur les rochers de l’îlot, rendait l'atmosphère encore plus envoûtante, séduisante et réelle.
Quelle journée merveilleuse...
Mais dommage, l’excursion prenait fin, la petite embarcation la rapportait sur le quai du vieux port.
Son regard se perdit dans le bleu de la mer sillonnée d’écume blanche et elle se laissa bercer doucement par le dodeliner des flots...