Lorsqu’ on est encore tout petit et que Noë l est au porte, quelle joie!
Mais non pour Angè le.
Je vous raconte ici l’ histoire d’ un cœ ur malheureux, flé tri avant d’ avoir vé cu, usé par l’ espé rance.
Cette petite fille é tait pourtant né e, en apparence, sous d’ heureux auspices.
La faute de sa misè re, elle ne savait à qui l’ imputer.
Angè le é tait une toute petite fille aux cheveux bruns et bouclé s.
Elle habitait avec sa maman une petite maisonnette contourné e d’ un trè s joli jardin.
Elle bé nissait le ciel tous les matins pour une fleur é close, pour un chant d’ oiseau, pour son chat, qui dormait sur le bras du fauteuil blanc auprè s de la cheminé e, pour son chien qui lui lé chait les mains dè s qu’ elle se ré veillait et qui l’ accompagnait à mi- chemin lorsqu’ elle allait à l’é cole...
Mais un jour son pè re s’ en alla sans se retourner.
Folle de douleur, elle sentit qu’ elle ne lui survivrait pas.
Elle le cherchait, elle voulait l’é treindre, elle voulait l’ aimer encore.
« Votre petite fille s’ ennuie avait dit le mé decin à sa maman, voilà toute sa maladie. »
Il n’ avait rien compris l’ignorant...
Que savait- il de la douleur qu’é prouve un enfant quand son pè re l’ abandonne?…
Il lui fit administrer des potions magiques, mais la petite fille n’ allait pas mieux.
… C’é tait la veillé e de noë l…
Pas un bruit, pas un son, toute vie semblait é teinte dans cette petite maison à la chemise brodé e de blancs flocons…
Les portes é taient fermé es.
Au dehors le vent soufflait par rafales produisant en se brisant contre les arbres dé nudé s d’é tranges voix caverneuses.
Le spectacle é tait effarant.
Il neigeait trè s fort.
Les flocons plus nombreux, plus pressé s, voltigeaient et tourbillonnaient comme des fleurs envolé es.
Au- dedans le feu dansait dans la cheminé e et des ombres chinoises bondissaient sur les murs…
On aurait dit des farfadets affolé s.
Angè le jetait de temps en temps des soupirs dé chirants et des regards pleins de tristesse.
Elle regardait à travers les vitres recouvertes de givre le ciel fourmillant d’é toiles avivé es de froid.
Au loin, dans l’ ombre sonore, un chien sans abri aboyait.
Sa maman, triste aussi, pleurait un peu.
À demi renversé e sur des coussins, elle tenait sa petite fille dans ses bras et lui chuchotait dé sespé ré e…
«Ô ma ché rie qu’ allons- nous devenir sans l’ amour de ton pè re? »
De sa voix à peine audible Angè le ré pondit…
«Ô maman ché rie, ne te fais point des soucis, le pè re noë l nous le fera revenir.
Deux grosses larmes coulè rent sur ses joues pâ les.
Elle allait jetant toute sa pensé e dans cet univers insaisissable…
Or, une fé e passa devant la porte et l’ entendit pleurer.
Elle entra, l’ embrassa sur son front et lui dit…
(à suivre