Alors que Jeanne s’ achemine le long de l’ avenue des pins, devant elle, Naples s’ illumine.
Une petite brise chasse les nuages qui encombrent le ciel laissant qu’ un œil de feu réchauffe l’ atmosphère…
Au loin, austère, majestueux le Vésuve vêtu d’ un blanc manteau, domine le paysage et Jeanne ne peut cacher ses émotions.
Malgré le froid qui la transperce, elle laisse ses pensées flotter dans l’ air.
Quel charme !
Etourdie de découvertes, excitée par tant d’ harmonie, elle ne sait sur quel point du paysage braquer sa vue pour capter des images à peine prises…
Tout est lourd d’ amour et de poésie en ce lieu de rêve.
Dieu a su bien faire les choses se dit- elle.
Elle en éprouve une joie corporelle d’ autant plus violente que le décor qui s’étend sous ses yeux.
Un martellement sourd lui résonne dans l’âme et s’ y confond avec le battement accéléré de son sang.
Elle jubile et voudrait crier de plaisir.
Mais sur son chemin, elle aperçoit une maison ceinturée d’ une palissade.
Tout le long de ses promenades matutinales, elle n’ y avait jamais prêté attention.
Mais aujourd’ hui, sans savoir pourquoi, cette demeure attire ses regards et ses prunelles s’ embrument de chagrin.
Les murs sont éventrés, dans le jardin inculte et broussailleux une voiture démantelée. L’étonnant c'est que personne ne se soucie de son état d’abandon… une si jolie maison.
Un je ne sais quoi l’ envahie et lui serre la gorge…
Le météo de son moral a l’ air de virer au variable.
Tendance... nébuleux…
Elle caresse les spasmes de son front pour chasser son chagrin qui l’ agite.
Où sont les habitants de cette maison ? Pourquoi ont- ils laissé que le temps la profane?
Attristée par tant de décadence, elle détourne le regard et continue sa promenade.
Mais au détour du chemin, la maison est encore là. Son périmètre est immense…
Du haut du premier étage, derrière une fenêtre délabrée… une petite chambre décolorée… « d’ enfants peut-être».
Le cœur serré Jeanne chasse ses mauvaises pensées afin de retrouver la bonne humeur d’ il y a un instant… Elle ne veut plus y penser, la journée s’annonce trop belle pour s’ attrister ainsi…
Le ciel s’ est mis au beau, on se dirait au printemps.
Une douce tiédeur se répand dans l’ air et la caresse …
Quelle jouissance des sens… Pas un qui ne se réjouisse…
Les yeux, le nez, les oreilles, même son palais déguste la saveur de l’ air qu’ elle respire.
La pensée inondée d’ un grisant parfum de pins, elle rebrousse son chemin ivre de splendeur.
Au bout de son regard le Vésuve jaillit de derrière les arbres et grossit dans le ciel...
Naples est jalouse de lui, mais elle le montre par orgueil…
Et Jeanne a le plaisir, émerveillée, de s’ en complimenter.