Et ainsi, les bébés, dès l’ aube chargée de fine brume, jusqu’ au large soir empourprant la mer, les pêcheurs partaient canne en main et une boite en fer- blanc sur le dos.
Ils prenaient le chemin qui les portait au bord d'un petit port de pêche où se tenaient amarrées leurs petites embarcations.
À peine arrivés en ce lieu de rêves, ils s’ embarquaient sur leurs petits bateaux et partaient à l’aventure pour pêcher à leur aise quelques poissons qui, pareils à des flammes bleues, filaient sous les eaux sombres encore de la nuit.
Les pêcheurs ne bougeaient pas plus que le phare qui les conduisait au loin.
La pêche était leur vie.
Une fraîcheur montait des eaux et le silence, dans cette immensité sombre, n’était rompu que par le gentil roulis des vagues et le chant de la brise.
Elle avait l’ air de bien bonne humeur, la mer, aujourd’ hui se disaient- ils joyeux.
Il y avait des tas de petites vagues gazouillantes qui allaient gambader et s’étendre sur le rivage. Elles se poussaient et jouaient comme des petits enfants.
Un accord charmant sortait de l’ horizon, courait lentement sur les flots et se traînait de proche en proche, pour mourir dans le néant… Puis, la mer reprenait son immobilité engourdie pour s’ en suivre un énorme silence. Le calme régnait de nouveau, laissant que les vagues recommencent à se divertir sans s’ en lasser jamais.
Elles caressaient la quille des petits bateaux et les pêcheurs se laissaient bercer en attendant que quelques poissons curieux ne viennent mordre à l’ hameçon fatal, et y demeurer suspendus pour finir dans les assiettes…
L’ attente était longue mais jamais vaine.
Tout à coup, une grande tempête se leva sur la mer, les barques étaient couvertes par les vagues…
"Seigneur sauvez- nous, nous périssons", s'écrièrent en chœur les pêcheurs.
Ainsi, comme par miracle, il se fit un grand calme et au milieu des eaux, l’ un des pêcheurs aperçût une épave en bois qui flottait allant à la dérive…
D’ instant en instant l’ esquif s’ abîmait pour réapparaître de suite après et s’ abîmait encore et encore et encore… désespérément!
Mon Dieu, quelle détresse pour les habitants de cette petite épave !
Le pêcheur soucieux, ramant comme il ne l’ avait jamais fait, alla tout droit vers cet étrange affaire qui se tenait à peine sur la surface des eaux.
Il voulait la récupérer et en découvrir le contenu.
Ah! la grande surprise, quand, le portant sur la rive avec de grands efforts et qu’ il l’ ouvrit, de l’intérieur il en sortit, sains et saufs, Danaé, fille d’ Acrisios, Roi d’ Argos, que lui même avait jeté dans les eaux, afin d’ y donner la mort, de peur que le fils de Danaé ne le tua lui- même, comme le lui avait prédit la prêtresse, et son petit enfant Persée, fils de Zeus, Dieu de l’ Olympe, encore enserré dans les bras fragiles mais forts de sa mère apeurée.
Ô la joie, la joie de la jolie princesse .
Le ciel se peupla d’ Anges plaisants. Ils dansaient et chantaient le miracle!
Combien Danaé avait écouté le bruit des eaux qui à tout moments semblaient devoir les submerger elle et son fils bien aimé.
Peut-être Zéus, qui jusqu’ ici n’ avait pas fait grand- chose pour l’ objet de son amour et son enfant, voulut qu’ ils fussent découverts et sauvés par un brave homme, comme ce pêcheur nommé Dictys dont l’émotion intense l’ envahit mêlé à la tendresse.
Il les emmena chez lui, et comme il n’ avait pas d’ enfants, il adopta les naufragés et ne les laissa manquer de rien.
Oh ! que c’était bon de respirer tout vif, tout pur, tout parfumé, le bon air de la liberté.
Danaé, son Fils et Dictys vécurent heureux pendant des années et des années, jusqu’à ce qu’ un jour… ô, ce malheureux jour, de nouvelles difficultés s’élevèrent et rompirent l'harmonie de leur retraite…
(à suivre) « les aventures de Persée et des Gorgones)…