Il était une fois, un petit chat nommé Pouci…
C’ est une de ses aventures que je vais vous raconter.
« Comme vous le savez, et si vous ne le savez pas, c'est moi qui vous en dis l’ origine…
[Le chat est un animal de la famille des félidés, de l’ ordre des carnivores. Il aime vivre en liberté, mais il aime aussi être choyé d'un amour tendre.]
Pouci, c'est ainsi que le nommèrent les enfants qui l'adoptèrent… vagabondait dans les bois par des sentiers inconnus.
Il lui arrivait souvent des choses curieuses depuis qu'il avait perdu sa mère. Il avait froid et peur en cette saison de gel. Dans l'alentour, il n’ y avait qu’ une petite chaumière où y vivaient un petit garçon et une petite fille avec toute la famille.
Pouci, maigrelet et seul, était à la recherche d’ on ne sait qui et ne sait quoi.
Ainsi, un beau matin où le soleil réchauffait à peine la bruyère, il rencontra les deux enfants qui, chargés d'un petit panier, aimaient s’ y promener pour ramasser des escargots qui sortaient des buissons, après que la pluie y eut tombée abondante.
…« Bonjour les enfants, dit- il, auriez- vous rencontré mon père le chat, maculé de mille taches noires et blanches ? Je le cherche depuis des jours et des jours et ne le trouve point. Ma mère est morte en me donnant le jour et il ne m'est resté que lui pour m’ accueillir et me protéger des intempéries sur cette terre.»
Pauvre petit chat se dirent les enfants en sourdine, ne sait- il pas que les pères sont absents lorsque les chattes accouchent?"
C’ est là leur moindre défaut.
Et le voyant ainsi triste et apeuré, ils lui répondirent qu'aucun chat de cette couleur n’était dans les parages, et sur deux pieds, ils décidèrent de l’ adopter.
Ainsi, commença la belle vie de Pouci, entouré de soins et d'amour tendre.
Il devint un très beau chat. Son poil long et soyeux était blanc comme la neige, mais il était bien espiègle à leur goût.
Il fallait donc bien l'instruire car il s’échappait un peu trop souvent pour explorer les alentours et y marquer son territoire, afin qu’ aucun autre animal n’ en prenne possession, si non son père le chat, qui aurait pu en passant, reconnaître son odeur et sonner à la porte de sa nouvelle maison.
Ô, chimère! Chimère ! Il attendit longtemps.
Mais il était heureux dans sa nouvelle maison, il était seulement agacé par l’ oiseau « Chip- Chop » dans sa cage enfermé, qui logeait lui aussi dans sa même demeure, depuis qu'un soir d'hivers, Lydie et son petit frère Titien le trouvèrent presque mort sidéré sur le sol allongé.
Il était tombé de son nid, et ne sachant encore voler, il faillit mourir enseveli sous la neige.
Ce fut bien difficile de faire accepter à Pouci la présence de l’ intrus à l’ odeur alléché, car nous savons très bien que le met préféré des chats, - sont les oiseaux à la chair tendre -
Ainsi, toute la sainte journée, jusqu’à la nuit annoncée, l’ oiseau s’ escrimait du bec, le chat jouait des pattes, l’épargnant son malgré, tout en se querellant sans cesse.
L’ hiver cette année là était très rigide. De grandes rafales de vent faisaient grincer les volets, claquer les portes mal fermées. Les arbres se balançaient en large houle, se calmaient un instant pour déferler l’ instant suivant dans un rideau de pluie.
La cheminée réchauffait la petite chaumière enveloppée de gel, et le chat fut bien heureux d’ avoir trouvé asile dans ce lieu de rêves.
Quelle joie pour les enfants aussi que de se réveiller tous les matins et voir leur petit rescapé bien au chaud, se réveiller lui aussi ronronnant fort joyeux auprès d’ eux.
Même l'oisillon sautillait et saluait dans sa cage mal fermée le jour naissant en chantant à tue- tête.
O comme il jouissait de la douce atmosphère.
Aux premières heures du petit matin, le chat aimait se réfugier dans le fond du salon auprès du feu aux dents pointues qui léchaient et illuminaient les noires profondeurs de l’âtre.
Dehors, les cyprès de velours que le mistral flagellateur forçait à s'incliner, pleuraient de longues et fragiles larmes de glace dans un petit bassin moussu dont ils étaient les gardiens sages.
Encore quelques roses, les dernières, dont se dégageait un vague arôme d’ Orient, moite et sucré; elles ne seraient jamais écloses complètement; leur destinée les condamnait à vivre et à mourir cloîtrées dans leur boutons serrés. L’ hivers s’écoula lent et froid.
Puis, finalement… s’ en vint le printemps et s’ en suivit l’été.
Le ruissellement de la fontaine du jardin, suscitait des rêves de fraîcheur et de légèreté.
La chaleur meurtrière battait tous les records. Personne n’ avait le courage de mettre le nez dehors.
Les enfants souffraient de ne pouvoir jouer avec Pouci qui, insouciant de la chaleur, dormait tranquillement à l’ ombre d’ un sapin pour fuir aux tortures de Chip- Chop qui le harcelait de menaces.
Il n’ avait pas l’ esprit à le combattre.
Le lendemain d’ un de ces jours là, où le ciel éblouissait où qu’ on le regardâ t, un gros chien noir s’approcha silencieusement de la clôture du jardin, et l'interpelant, lui dit…
« Pourquoi ne sors- tu pas un peu de cette prison, et ne viens- tu pas jouer avec moi le chat? »
Ce dernier un peu surpris, lui répondit:
« Je viendrais bien volontiers le chien, mais je ne peux pas sortir sans l’ accord de ma maîtresse bien aimée, je l’ ai souvent fait, et j’ ai été sévèrement puni pour ma désobéissance et puis disons la vérité, la chaleur est trop accablante pour courir dans les bois, et puis, je ne te connais pas assez pour me fier de tes belles paroles. »
« Mais moi, je suis ton voisin dit le chien, le rassurant, je ne peux te faire de mal… je m’ appelle Sultan et je serais bien content si pour une fois, tu faisais une course avec moi dans les bois.
Aujourd’ hui la journée est plaisante, le soleil est chaud mais bienveillant… - « que Dieu nous délivre du soleil dit le chat »- … « le vent est chaud mais supportable, dit le chien, viens donc, on s’ amusera bien tous les deux, moi tout seul je m’ ennuie à mourir crois- moi, et je te voudrais mon ami et te montrerai tout ce que tu n'as jamais vu jusqu'ici.»
« Ah, oui, Je m’ en souviens bien maintenant, dit le chat, puisque je t’ ai vu bien des fois vagabonder aux alentours de mon jardin comme une âme en peine. Mais dis donc, tes maîtres ne t’aiment- ils donc pas pour que jamais tu ne restes chez- toi? Ne te plairait- il pas de jouir de ton jardin à l’ ombre d’ un vieil arbre? »
D’ amble le chien fit un bond en avant, allant de place en place, et s’ en alla se cacher tout à coup dans les bois.
Le chat ne le voyant plus, ne se soucia guère des recommandations de sa maîtresse, il crut après son discours l’ avoir blessé à mort....
« Comment ai- je osé lui dire qu’ il n’était pas aimé se dit- il? Comment ai- je pu le mortifier ainsi?»
… Sur ces tristes pensées, il n’ hésita pas un instant et passa à travers la clôture sans songer à rien et s’ enfuit à la recherche de son nouvel ami, anxieux de le retrouver pour jouer avec lui et lui demander pardon pour sa gaucherie impardonnable.
Ah, quelle insouciance que de ne pas respecter les ordres.
Pas une figure humaine dans cette immensité buissonnière et sur ce chemin rocailleux. Pas un être vivant dans l’ air. Au solstice de juin, seul le cri des cigales à fond des collines, dépossédées par le feu de l'été.
Sa peur s'accroissait et l’ angoisse le prit...
Alors qu’ il s’ en retournait avec hâte, tout à coup, le chien surgit de l'ombre d’ un recoin sans crier gare. Il voulut le surprendre et l’ébahir pour sa bravoure d’ avoir su le charmer.
Mais épouvanté par l'apparition soudaine, le chat, horriblement nerveux, s’ accroupit dans une pose de méfiance. Ses yeux tout ronds brillaient comme deux globes électriques. Sa queue se balançait de droite et de gauche d’ une manière fébrile. De son gosier s’échappaient des modulations prolongées qui tenaient à la fois de la menace et de la crainte qui montaient très haut comme un sanglot aigu.
Au moindre mouvement du chien, les griffes ressortaient et les jurements se multipliaient.
Sultan, le bon chien, se livrait à toutes tentatives d’ approche, mais le chat inquiet, n’était point disposé.
[Mais peut- on forcer un chat à la reconnaissance si leur nature est la méfiance?]
Comme un vieillard aux bras tordus par les années dont nul ne se souvenait, un grand chêne agonisait au beau milieu du bois, quelques feuilles au bout d’ un rameau pour le nid d’ un oiseau.
D'un bond magistral, le chat y grimpa sans ce soucier de ses cicatrices que les bucherons lui avaient infligées le long de ces années, et arrivé aux premières branches, se sentant hors d’ atteinte d’ une attaque ordinaire, il fit brusquement halte et dans une pose pleine de défiance, regarda à terre où, le chien encore surpris par la réaction excessive du malheureux, restait assis sur son postérieur, prêt à s’expliquer au premier acte d’ abandon de la pauvre bête ignare de ses intentions.
Mais la prudence et la méfiance sont la mère de la sûreté.
Le soleil avait chu, le ciel palissait, la nuit menaçait, mais le chat ne se laissait prendre par la langueur du chien dont les aboiements incessants avaient attiré l’ attention des habitants de la petite chaumière.
Pouci aurait plutôt passé la nuit sur ce chêne dépouillé de feuillages plutôt que d’ affronter le chien qui semblait ne vouloir abandonner les lieux.
Le manège dura longtemps jusqu’à ce que les deux enfants, coururent à son secours…
Imprudent, le gamin grimpa sur l’ arbre aux pieds duquel se tenait sa sœur.
Habile comme un écureuil, il ne se soucia guère de la fragilité des rameaux trop vieux pour supporter son poids.
La gorge serrée, sa petite sœur apeurée pour le sort de tout deux sur le rameau mourant, attendait que le chat se sauve et que son frère en descende lui- même.
Enfin, Pouci lui tomba dans les bras grands ouverts et téméraire, le petit encore attaché sur le fil du rameau mort, était fier et heureux d’ avoir sauvé son protégé qui ronronnait maintenant très fort, en guise de soulagement.
Pantois et désœuvré par tant de méfiance, le chien abandonna l’ enjeu et s’ enfuit voyant leurs maîtres accourir affolés, mais surtout apeuré d’être réprimander pour avoir effrayé leur chat bien aimé.
Et c’ est ainsi que Pouci l’ espiègle, ne sortit plus de son petit jardin , de peur de rencontrer Sultan le chien, si non à travers la clôture bien fermée.
Comment pouvait- il savoir que le bon chien voulait son amitié s’ il ne lui laissa le temps de lui expliquer qu’ il s’était caché pour jouer avec lui comme font les enfants, et non pour l’épouvanter?
Mais un jour, alors qu’ il prenait le soleil, Sultan désespéré par la solitude, l'appela…
« Eh, le chat, dispose de moi, et sois en assurance, envers et contre tous je te protègerai".
Fortune le sage qui fait bien de donner le temps à la sagesse d'envisager les faits avant d’ agir impulsivement, ainsi, le chat accepta de bon gré son amitié.
Leurs querelles cessèrent, et firent tant qu’ ils s’ embrassèrent.
La patronne de la maisonnette, réjouit de les voir d’ amour et d’ accord, fit en sorte d'inviter le bon chien dans son jardin toutes les fois que ce dernier venait aboyer à la grille, afin que Pouci, le bon chat, ait pour compagnie un ami ainsi qu'il puisse courir dans les bois et reprendre le jeu innocent qui lui fit tant peur… "à cache-cache"
Puisse cette histoire plaire aux enfants.
Je vous la présente et la propose aux sages aussi: leur disant…
Même les chiens et les chats peuvent s'aimer d'un amour tendre et quand on est fort amoureux, on peut bien dire...
"Adieu prudence!".