On était en l’ an 2012…
Noël était aux portes. La crise économique se faisait si pressante que les pauvres gens devinrent soucieux, inquiets, et ne savaient que faire pour contenter leurs enfants ignares de tant de préoccupations.
Une année bien fâcheuse pour qui déjà était touché par la misère.
Un soir, alors que les enfants étaient couchés et que leur papa était assis autour de la table avec sa femme, il lui dit, le cœur serré de douleur…
"O ma chérie, comment va- t-on s'en sortir... je serais capable de faire n’importe quoi pour voir nos enfants heureux.
Je ne saurais les voir mourir d’ envie devant mes yeux…
N’ ont-ils le droit comme tous les autres enfants plus aisés que nous, d’avoir eux aussi un peu de félicité en ces jours de Noël? »
Sa femme avait beau lui dire de se tranquilliser, de patienter, de ne point s’avilir, que tout s'arrangerait, mais lui, il ne pouvait se résigner… comment faire, comment résoudre les problèmes qui pesaient fortement sur le toit de sa petite maisonnette?
La vie devenait de plus en plus austère et dure. Insupportable!
Trop chère même pour son misérable salaire…
Et s’ il perdait son travail? C’était un doute épouvantable, éminent dirais- je même… et la peur régnait toute entière sur le cœur de cet homme affligé par les mauvaises pensées qui le turlupinaient sans cesse.
Tous les soirs, groupés autour de la table, avant d’ aller au lit, leurs deux petits écrivaient des lettres au Père Noël, l’ autre, le troisième, restait oisif, pensif dirais-je même, car il était assez grand pour comprendre que cette année là n’ aurait été comme les autres.
Il se souciait lui aussi et partageait silencieux, la douleur de son père.
La crise s’était faufilée sous la porte de leur maisonnette comme un serpent à sonnailles et avait frappé le cœur de ses habitants comme elle avait frappé beaucoup d’ autres familles…
Mais cela les tous petits, qu’ en savaient- ils?
O, comme ils étaient heureux papier et crayon à la main quand ils écrivaient et écrivaient des lettres longues longues sans se soucier de la misère qui les minait...
Mais que demandaient-ils à ce bon Papa Noël?
Bah! Chacun avait ses exigences, extravagantes si, mais un peu comme tous les enfants sans soucis et sans peines.…
« Qui voulait une trottinette, qui une bicyclette, qui une poupée et une poussette… et qui peut-être, dans une autre maisonnette que le deuil avait frappée, un papa qui n’était plus là pour les choyer pendant la veillée.»
Mais l’ important pour tous, c’était de ne pas recevoir des charbons dans leurs chaussettes.
Jamais ils ne l’ auraient supporté.
Beaucoup avaient été bien sages, bien sûr, donc pas de problèmes. D’autres un peu moins, mais non au risque de ne pas être chouchouter par ce bon Père Noël qui aimait tous les enfants sans distinction.
Il était toujours généreux avec eux, qu’ ils soient bons où mauvais.
Qu’ importe se disait-il si quelques uns ont fait durant l’ année des balourdises.
Fermons un œil!
La méchanceté n’ existe pas chez les bébés, et s’ ils sont méchants ce n’est jamais prémédité…
Ce sont des méchancetés innocentes, et cela nous le savons tous… ils sont instinctifs les enfants. Ça fait des caprices... ça tape des pieds, ça cri… mais tout de suite après, ça veut des caresses, des bisous, des chouchous.
C'est aux grands à leur apprendre la sagesse et la bonté, et pour cela il faut du temps.
Donc, jouets et douceurs à tous les bébés du monde, se dit tout bas le bon Papa…
Mais cette année là était une année bien fâcheuse.
Au- delà de la voûte céleste, tous les associés du Père Noël se désespéraient!
La crise économique qui régnait sur la terre et avait frappé bien des familles, avait cogné aussi aux portes du Bon Dieu…
Les Saints… les Anges… tous les habitants du Paradis se tiraient les cheveux, se mangeaient les doigts et se demandaient comment remédier à une catastrophe pareille…
Jusqu’ au bon Dieu qui semblait bien soucieux.
Les familles avaient perdu, qui la paix… qui le travail… qui l’ amour familial…
D’ autres encore se séparaient de leur bien.
D’ autres vivaient en marge du désespoir et de la pauvreté.
Les mariages se brisaient car les disputes se multipliaient… certains se suicidaient…
Mon Dieu quel malheur!
Le monde tombait dans un gouffre sans fin et sans issu…
Colossal était le problème!
Pas une famille qui ne se soucia de son argent… de l’ avenir de ses enfants, de leur futur même.
Sachez les petits que lorsque dans une maison les soucis d’ argent pèsent comme rochers sur les épaules du chef de famille, subvient alors le désespoir. Mais la vie est bien cruelle.
Quand dans une maison l’ argent vient à manquer, la situation devient insoutenable… et alors çà se dispute, l’ amour se broie, le papa incapable de réagir, désespéré, s’ en va se réfugier dans la froide solitude, mortifié d’ abord par l’État qui l’ a abandonné et ensuite, par sa femme qui ne croit plus en lui, qui en a perdu l’ estime et cela il ne le supporte pas, car Lui, il n’ a rien fait pour que cela arrive.
Rage et désespoir le minent, le consument le brisent.
Il est prêt à tout pour soulager sa peine… même d'en finir avec sa propre vie.
Mais les enfants que savent- ils de tout cela…
Ils écrivent, écrivent des lettres longues longues, et attendent insouciants que le bon Père Noël pénètre par la porte- fenêtre de leur maisonnette, ou par la cheminée, à selon s’ ils en ont une, en pleine nuit, sans faire de bruit, et qu’il leur porte les dons tant soupirés durant toute l’ année.
Mais quelle douleur pour Papa Noël que de se voir la sacoche vide de belles, bonnes et douces choses.
Comment remédier à tout cela?
Les enfants lui sont si chers à son cœur de Père.
Il ne pourra jamais la nuit de Noël se présenter sans un don pour les faire sourire…
Que dire à leurs parents?
Et eux, que raconteront- ils à leurs enfants dès leur réveil en ce jour de bonheur…
Pourquoi Papa Noël les avaient- ils oubliés?
Leurs désirs étaient si puérils et si simples, comment n’ a-t- il pu supplier à leurs prières?
O, comme il souffre ce bon Papa, seule à l’ idée.
Il ouvre ses mains en guise de prière, regarde le ciel étoilé espérant que le bon Dieu lui donne une réponse afin de le soulager.
Mais le bon Dieu lui même se tracassait et ne savait que faire et lui dit tout simplement:
« Mon bon ami, il y a des pauvres et des riches. La vie n'est pas toujours généreuse et ne sourit pas à tout le monde.
Les indigents restent indigents et les riches restent riches et parfois même ils s'en fichent de ceux qui sont besogneux.
Ils n’ ont de cœur que pour eux- mêmes et de pitié pour personne.
Ils ne savent ce qu'est la générosité!
Un peu d'humanité ne leur ferait pas de mal.
Mais comment expliquer aux indifférents que, comme leurs enfants, même les plus indigents ont des désirs pareils aux leurs?
Tu sais mon ami, moi j’ ai bien fait des miracles, mais je me vois surpris et désolé de ne pouvoir t’ aider en ce siècle qui me trouve impréparé…
Seul l’ amour, le vrai!
Peut sauver les âmes malheureuses et j’ en vois guère sur la terre où tous pensent à soi sans se préoccuper des autres. »
Le bon Papa Noël l'écoutait en silence.
Quelques larmes vinrent lui baigner les yeux…
« Si le bon Dieu ne peut rien faire et ne peut m’ aider, que puis- je moi, se dit- il désespéré? »
Il s'assit sur son charriot et pensa à haute voix…
"Comment m’ y dois- je prendre, il doit bien y avoir une solution à ce problème?...
Comment faire pour contenter tous ses enfants pleins d'espérance.
Et où puiser l’ Amour dont parle le bon Dieu pour les rendre tous heureux…
Et une voix douce et légère vint lui caresser l’ oreille…
C’était Madame Providence qui venait là, lui offrir son aide précieuse…
C’ est elle qui aurait accompli le miracle tant attendu, avec l’ aide de Dieu bien entendu!
Elle ne pouvait ignorer que tous les enfants du monde sont tous égaux.
Riches ou indigents qu’ ils soient, ils ont tous droit au bonheur!
« Mon bon Papa Noël, ne te soucies guère des pauvres gens, ce sont eux les plus heureux du monde, ils ont comme fortune un cœur grand comme la lune, bon et généreux, et ils seront récompensés.
Dieu ne les a jamais abandonnés.
Cela dit… Papa Noël ouvrit grandes les mains et la remercia pour l'avoir apaisé...
C'était le bon Dieu qui la lui avait envoyée.
Il irait dès le lendemain, sonner aux portes des habitants bien portants, et demandera la charité pour les enfants déshérités.
Aussitôt dit, aussitôt fait!
En route avec son petit Renne, il traversa les cieux et arrivé sur terre, il se trouva devant une petite maisonnette… il y sonna à la porte et y trouva Madame Providence qui l’ attendait, comme promis!
Compatissante aux misères de tous, elle n’ avait de joie plus vive que de secourir les pauvres, de soulager les malheureux, de consoler les affligés.
Ce n’ est pas seulement aux habitants de sa terre qu’ elle accordait sa tendre pitié, elle s’étendait à toutes les créatures de l’ univers entier.
Tous avaient une part de son cœur et avait droit au bonheur.
Ainsi elle n’ y pensa pas deux fois, elle remplit de dons simples doux et bons, la sacoche du bon Papa Noël qui bien heureux, l'en remercia et s’ en alla content et victorieux de savoir qu’ au petit jour de Noël, tous les enfants se seraient levés et auraient trouvé sous l’ arbre festonné, deux cœurs amants, «leur papa et leur maman» et quelques douceurs et jouets que Madame Providence s'était procurés.
Savez- vous les enfants, que parfois il suffit d’ un rien pour rendre heureux les besogneux...
« L’ Amour… le vrai… »
C'est le don le plus précieux.
Il rend généreux!