...Vois- tu le Père Noël, là-haut dans le ciel, assis sur la demi- lune?...
Il peint les étoiles à une à une pour ne pas perdre son chemin.
Il a tous les cadeaux que les enfants lui ont ordonnés, y compris les tiens.
Vois- tu comme son sac est bien chargé?
Il attend que l’ heure frappe douze fois l’ air et il viendra te porter les dons que tu désires.
" Dors maintenant, il est temps mon bébé."
Et comme par enchantement, Angèle s’ endormit!
… Ah! Le bon sommeil et le beau rêve…
Tumulte, ravissement, félicité… et à fleur de peau, le sentiment d’être à la frontière du bonheur.
Tout devint fabuleux, fantasque, merveilleux…
Les enfants accompagnés de leurs parents et grands-parents se rendaient à la messe de minuit.
Tout le monde était heureux.
Il y avait des chansons dans l’ air, une agréable odeur de cuisine et de douceurs dans l’ atmosphère.
Et dans le ciel illuminé de mille et mille ampoules, la demi- lune éclairait le paysage tout vêtu de blanc universel.
On le distinguait bien le Père Noël qui était assis sur elle.
On le voyait bien son pinceau à la main peindre les étoiles… Quel brave artiste, quelle merveille.
Mais voici une ombre, là, entre deux mélèzes, elle avançait rapidement malgré la monté raide et gelée.
Ô, vision paradisiaque!
C’était son père qu’ elle avait tant attendu depuis bien des années.
Elle avait conservé son souvenir mais un instant pourtant, elle resta figée.
Elle le regarda… et se sentit mourir.
C’était bien lui!
Oui, c’était bien lui, son idole, sa muse, son premier amour, son amour de toujours!
Il ne portait aucun paquet à la main.
Avait- il oublié de porter un cadeau à sa fille?
« Mais que dis- je se dit- elle… N’était- ce lui le plus beau don que j’ avais tant désiré ? »
Aucun cadeau ne l’ aurait rendu plus heureuse…
Le Père Noël avait donc exaucé son plus grand désir, celui d’étreindre son père à jamais!
N’ obéit- il pas toujours aux enfants sages notre bon Papa Noël ?
Entre ivresse, extase et surprise, paupières mi- closes, Angèle inspira lentement se noyant dans des ravissements sans pareils et rouvrit les yeux.
La cohorte de monstres recula, s’éclipsa… Son père était là !
Ô papa, c’ est bien toi ? …
Le papa ne répondit pas, mais lui sourit la serrant fort dans ses bras.
Il l’ embrassa tendrement sur le front comme le fit la fée quand elle l’ entendit pleurer.
Extasiée, Angèle lui prit la main sans mot dire, et ils s’ en allèrent tous les deux à travers les bois le cœur radieux comme autrefois... Ah, quelle joie !
Le vent soufflait en éparpillant en chœur des odeurs suaves et des sons merveilleux…
Des familles grimpaient la côte en chantant.
Au milieu du brouhaha, Angèle entendit le son des cloches qui annonçait la messe de minuit et une voix douce, sortie d’ on ne sait où, lui susurrer… « Bon Noël Angèle ma petite chérie »…
C’était la bonne fée qui ne l’ avait point abandonnée.
Malgré l’ heure tarde et le froid poignant qui ankylosait ses membres, Angèle marchait allègrement le cœur en flamme, soutenue par l’ idée que finalement sa famille était au complet et qu’à son retour au foyer, il y aurait table mise, ornée de fleurs et de bonnes choses, un feu clair pétillant dans la cheminée et sa maman à les attendre comme une fois…
Ô Joie!
Sentiment vif et divin!
Mais qu’ est- ce la joie, ô mes amis... C’ est ce qu’ il y a de fol, de joyeux et de formidable dans l’ instant même.
Et qu’ importe si Angèle n’ a fait que rêver.
Elle a vécu des instants de joie et les vit encore quand la nuit elle rêve des rêves qui la font rêver…
Et même si amers sont ses réveils, qu’ importe si toutes les nuits, la fée vient l’ embrasser et lui dit… « Rêve mon bébé. »
Et rêver, n’ est- ce un don qu’ on tous les enfants ?
Mais les grands aussi, j’ en suis plus que certaine!
"Car je rêve aussi, tout comme Angèle."