… Je parcours ma chambre à grands pas et puis je m’ arrête soudain de peur de perdre le moindre bruit qui pourrait m’ annoncer une présence…
Je divague c’ est sûr!
Seule dans ce monde similaire à un vaste naufrage, terrassée par les idées ombreuses dues à l'absence et à la solitude,désespérément combattue entre l’être et non être, je me sens comme loin de ma vie.
Si loin que je pense même à....
Je suis préoccupée pour le sentiment qui m'oppresse! On a tous mal quelque part quand on souffre d’ une absence.
Dans la solitude, le chagrin fait la loi et petit à petit… la déprime t’ apostrophe, se déchaîne, t’ enchaîne et t’étrangle.
Ce n'est pas un coup de blues, mais un foutu désespoir, un vague à l'âme.
Ce mal est devenu mon quotidien et personne n’ y peut rien.
Déprimée...
« j’ entreprends d’écrire à l’ intention de ceux qui m’ aiment une lettre d’ adieu que j’ enverrais peu avant le geste extrême qui me conduira loin de ce monde qui ne m’ appartient pas.
Deux feuilles pleines d’ un discours d’outre- tombe.
...Explications, mots de tendresse, pardon sollicité, baisers, etc. … etc.… signature »…
Je revis un déjà vu.
Mon corps crie...
J’étouffe!
Déjà mon cœur a cessé de frémir dans cet abîme.
Je faillis m’ abandonner à des sanglots, de ceux qui font trépider le cœur et le brisent.
À la fin, soulagée peut-être d’ avoir vomi sur le papier toute ma rage et mon désespoir, je déchire les feuilles .
Je ne peux faire du mal à mes enfants, ils marcheraient tout le restant de leur vie ainsi que leur progéniture avec un poids trop lourd sur les épaules… et peut-être aussi me manque- t-il le courage de réaliser un geste aussi périlleux.
N’ y ai-je déjà passé sans succès?
Il y a des situations de l’âme où l’ on redoute de se confier à personne. Il suffirait d’ une parole qu’ on dirait ou qu’ on entendrait, pour dissiper à nos propres yeux l’ illusion qui nous fait supporter l’ existence.
Mais les mots sont vides de sens et impuissants contre la douleur contre les blessures qui ne se cicatrisent pas aussi facilement...
J’ avais tout ce qu’ une femme pouvait désirer en ce monde et j'ai tout perdu.
Le malheur est rapide et la douleur insupportable s’ est emparée de mon cœur.
À chaque moment elle me consume.
Je fais le compte sur ce qu’ est devenue mon existence depuis que j’ ai perdu le compagnon de ma vie… et l’éloignement de la famille rend les sentiments qui nous unissent plus tièdes chaque année davantage, ils se refroidissent sans cesse et peu à peu, il ne reste plus d’énergie pour les raviver.
Certains jours, je me sens si vieille et fatiguée... qu’ ils s’élèvent quelquefois des tempêtes tumultueuses dans mon âme qui sont plus fortes que ma raison et je ne suis pas coupable si telles tempêtes me rendent l’existence tout-à-fait insupportable.
Je sens en moi comme une fièvre de pensées qui fait circuler mon sang plus vite, je jouis avec délice de l’ esprit des autres, des merveilles de la nature, de l’ Art et pourtant, je suis malheureuse pour avoir perdu l’ envie de vivre.
Oh, ce mépris de la vie, cette horreur de la mort!
Depuis cette nuit d’ automne d’ il y a tant d’ années déjà, je n’ ai cessé de vivre dans l’ affliction de subir sans répit une douleur aussi insoutenable aujourd’ hui comme au premier jour.
Pourtant j’ ai survécu alors même que mes forces m’ abandonnaient.
J’ ai lutté comme une damnée pour m’ arracher au gouffre de désespoir où je sombrais .
J’ avais si bien appris à vivre seule et m’ y étais si bien habituée que je ne me croyais plus capable d’éprouver de l’ amour pour quelqu’ un d’ autre et j’étais certaine que je n’ aurais ressenti pour aucun homme les liens sentimentaux qui tissent peu à peu deux êtres jusqu’à se fondre l’ un dans l’ autre.
Certaines dates demeurent gravées à jamais dans ma mémoire parce qu’ elles marquent dans ma vie des étapes dont le souvenir me revient chaque année.
Je ne serais jamais une femme libre du passé.
Trop de souffrances et de dures épreuves pour n’ en avoir gardé dans l’âme et dans le cœur des traces ineffaçables.
C’ est ce que je pensais durant mes dix années de deuil, quand, un homme « diabolique et adorable ensemble »… devint pour moi un prélude d’ espoir...
Malgré la stérilité affective dont j’étais désormais affligée, cette météore m’ inspira une certaine tendresse, elle commença à prendre une petite place dans mon cœur .
L’énergie de mon désespoir allait finalement s’ exhaler.
Ma fragilité redoutable, ma tendresse désarmante allaient de nouveau s’épanouir.
Ô, folie, folie!
Je tombais dans le piège de cette chimère que je croyais sublime.
Pendant un fugitif instant, je crus qu’ il allait m’ aimer.
Ce ne fut hélas, qu’ un brève voyage qui m’entraîna au plus extrême profondeur d’ un effrayant enfer.
D’ où vient ce plaisir inouï et sadique qu’éprouvent certaines personnes à humilier autrui?
Accablée de douleur, je lèche encore mes plaies ... (à suivre…)