C'était un nouveau printemps, les journées devenaient de plus en plus chaudes et belles, Jeanne commença à faire amitié avec les enfants de son âge qui vivaient eux aussi dans le creux du vallon.
Il y avait tout à côté de sa nouvelle maison, une vieille ferme bâtie à l’ancienne mode entourée d’un petit mur de pierres sèches les écuries et les étables à droite et les pigeonniers surmontés d’une tourelle en pointe, à gauche; le corps de la ferme au milieu de la cour.
Derrière se trouvait le poulailler… tout cela était vieux d’une centaine d’année.
Jeanne commença à aimer ce lieu qui la faisait sentir libre en contact avec les animaux et la nature.
Monsieur Antoine, c’était le nom du fermier, était très gentil avec elle et sa mère.
Sa sœur, Mademoiselle Chignard, lui faisait compagnie depuis toujours... Elle était très vieille et Jeanne se rappelle que de temps en temps elle sortait un tout petit sein de son corsage et, malicieuse, elle lui faisait voir comme il était encore ferme et blanc malgré son âge avancé. …
C’était vrai!
Ou alors c’était Jeanne qui aimait voir les choses de tout autres yeux que ceux de la vérité… Tout lui paraissait beau et grandiose.
Elle était si petite.
Les pigeons tourbillonnaient par volées de cinq ou dix autour du pigeonnier, les vaches du fermier pâturaient dans les prairies en attendant que de bon matin on leur tira leur lait que le fermier ne manquait jamais de faire don, encore chaud et fumant d'écume, à sa maman en signe d’amitié.
Il se prit à l’aimer comme un père, il était bien vieux lui aussi (…)
Jeanne se souvient des prairies couvertes d’arbres fruitiers, de vignes et de melons jaunes qui s’affaissaient sur le sol verdoyant.
Elle revoit encore comme si c’était hier les paysans tiraient des coup de fusil dans l’air pour épouvanter les enfants, qui en cachette, allaient en voler quelques-uns, ils étaient si gros et si invitants(…)
Jeanne grandissait dans ce quartier qu'elle prit à bien vouloir, elle commença à fréquenter sa nouvelle école jusqu’à la sixième, se fit de nouvelles amies, et en particulier, deux d’entre elles en devinrent ses plus chères.
L’une s’appelait Faradiba, une petite tunisine de parents émigrés et l’autre, Ginette une petite française comme elle...
Jeanne les aima toutes les deux d’un amour tendre(...)