Pas un bruit, toute vie semblait éteinte dans l’immobilisme de l’air, quelque chien sans abri hurlait.
Seuls, jouant dans le jardin illuminé d‘une lune large et pâle loin des yeux indiscrets, Jeanne et son frère s’empressaient de prendre dans le garage un petit réservoir d'essence que leur père utilisait pour sa moto. Imprudents, comme le sont tous les enfants de leur âge et hors des yeux attentifs des parents, ils remplirent une petite assiette en plastique que Jeanne exhibait de sa main droite et avec une allumette, son frère y mit le feu.
Jamais ils n’auraient cru déclancher pareille catastrophe... (“comme lorsque Jeanne fit réchauffer une petite bouteille de verni à ongles sur la flamme de la cuisinière et la bouteille explosa“ , sans conséquence pour elle heureusement, “comme quand elle fit réchauffer de l’alcool éthylique dans une petite casserole et que la flamme s‘y alla faufiler à l’intérieur et pour l’éteindre, elle y jeta de l’eau et tout prit feu“)… que la flamme commença à se propager sur le bibelot avec une rapidité incroyable, épouvantée, Jeanne laissa tomber l’assiette sur le petit bidon d’essence qui se trouvait au dessous d’elle et tous deux eurent juste le temps de s'enfuir… quand tout à coup, le feu prit le dessus et une explosion se fit entendre.
Une immense flamme s‘éleva dans l‘obscurité noire. Les pompiers arrivèrent peu de temps après et leurs parents, avertis par l’explosion et le brouhaha des sirènes, accoururent aussitôt.
Mais c’est le soir, auprès du poêle à charbon, lorsque la famille se réunit pour le souper, que Jeanne eut une autre preuve de la cruauté de son père.
Pris de folie, le châtiment fut des plus cruels pour son frère, qu’il réputait responsable, et son atrocité n’eut de pareil. (…)....
... Une punition que seul un exalté aurait était capable d‘accomplir. (…) ....
... Son père voulu lui apprendre que l'on ne joue pas avec le feu sans qu’on s’y brûle. (…)...
... Brute… brute… le cœur de Jeanne hurlait.
Les protestations de sa mère n'eurent aucun effet, au contraire, Jeanne crut que son père allait la tuer quand (…)...
... Jeanne restait muette devant tant de violence (...)...
... Et lorsqu'elle se souvient de tous ces abus d’autorité, elle frémit encore, son cœur se serre et pleure aussi…
Elle pense bien des fois à comment aurait était son enfance qui dura si peu, si son père n'eût été aussi sévère.
Mais appellera-t-on cela sévérité, ou tout simplement pure folie?
Souffrance et tristesse accompagnèrent son chemin épineux. Sa mémoire est comble de mauvais souvenirs qui la poursuivent encore et lourd est le fardeau. Elle voudrait oublier les excès de colère de ce père, ignare du mal qu’il fit à ses enfants, et qui signa à jamais leur vie durant.
Tout est resté gravé dans son âme et dans son cœur qui portent cicatrices indélébiles. Elles s‘ouvrent et saignent, s’adoucicent et s‘ouvrent pour saigner encore et encore (…)...