J’ aime les soirs d’ orage, leurs sauvages enchantements, les roulements du tonnerre aux sonores éclats, les nuées flamboyantes qu’ allume l’éclair et les vastes lueurs qui déchirent le ciel.
À chaque embrasement je chute de plus en plus dans des hystéries qui se mêlent aux crises des éléments.
Ô délire!
Brûlée d'ardeurs folles, je me jette dans le vide des draps blancs que la nuit maintenant environne pour satisfaire mes lâches envies que ni même le temps empêche de calmer.
Chaque éclair me galvanise, m’ illumine et exalte mon corps alangui.
Sous un crescendo de délices, savourant l’ ambroisie, J’ erre mon œil dans la nuit qui m’ enveloppe, je le vois ! c’ est lui !
Tout mon être vibre d'ivresse.
Combien des nuits il a fait tressaillir ma chair.
Je ne l'entends pas tant je le regarde.
Ses yeux brûlent d’ une langueur infinie….
Je perçois ses caresses.
Avec des rages de fauves qui s’ accouplent pendant la nuit, l’ apothéose éclate…
et nos bouches, et nos sens, et nos soupirs se mêlent et s’ entremêlent.
Quels enlacements fous!
Jetés l'un devers l'autre à nous respirer, nos lèvres boivent avec délice la joie de nous posséder.
Des cris rauques, presque des sanglots sortent de nos bouches.
La vigueur, loin de s’émousser, semble s’ accroître.
Nos lèvres ne laissent pas un seul pli de nos corps qui n'ait été baisé. On se veut tout entier, de la tête aux pieds…
Il y a dans l'effleurement de nos chairs comme une nécessité à laquelle on ne peut échapper.
Notre passion est insatiable. On a faim l’ un de l’ autre et l’ on se rassasie, on se ravitaille, on se sustente.
Secoués par des intenses frissons, le plaisir nous chavire et nous engloutit dans l'abîme de la divine extase.
Anéanti en une très douce fatigue, trempé de sueur, on murmure des mots en délire...
MOI… « viens, viens plus près de mon cœur, garde- moi en ce nid, mourons, mourons ainsi; »
LUI… « que nos vies s'épuisent à nous aimer encore! encore et toujours mon AMOUR »…
Mais, peu à peu, l’ aube plus triste, plus désolée, étend sa lumière sur un lit vaste et dévasté et déchire mon rêve.
Le jour qui se lève ignore ma tristesse.
Insurmontable est la tourmente pour cette piteuse existence.
Alors, de mes ongles je déchire ma chair en sa lamentable déchéance que le temps semble, dans sa vitesse, ravager sans pitié.
Ô cruel ennemi à la dent rapace!
Remuée jusqu’ aux entrailles, tout mon être vibre…
Je pleure alors que mille voix mystérieuses s’ unissent en un chant d’ adieu…
et je pleure encore.
Puis, ma conscience s’éveille, mes bras rapportent le rêve qui berçait mon sommeil et résonne encore à mon réveil.
Je sais qu’à cet instant il glisse d’ entre mes doigts, mais rien ne le brisera rebondissant en l’ air, pas même mes mornes nuits de veille. Il erre dans mon souffle, c’ est lui que je veux quand l’ ombre succède à la mort du soleil et me déshabille de la vie me pressant doucement les paupières.