Préface:
Ce récit, dans sa naïveté déconcertante, est d’une authenticité merveilleuse.
Épisodes à “suspens” racontent une pénombre de rêve, un malaise qui singularise la demeure où vit la protagoniste de ce roman, les joies et les tourments, l’Amour et la Haine qui furent les sentiments culminants qui la chaperonnèrent le long de sa vie durant… de quand elle touchait le ciel pour bien des fois retomber sur terre, mais obstinée, elle se rehaussait toujours et aussi du malaise qui la distingue: “ivre et fervente, heureuse et bramante”. Conflits qui l’accompagnent encore.
...
Ce n'est pas sans une certaine émotion qu’elle raconte ici, les aventures extraordinaires génératrices de tant de mystérieuses et sublimes sensations à laquelle son cœur y fut et y est intimement mélé...
Elle vous parlera d'un vécu non toujours rose mais aussi merveilleux…
Elle vous parlera de l'Amour qui remue la vie comme on remue la terre. De l'égoisme infini de l’Amour qui ne s'éprend que du printemps!...
De l'Amour, qui comme les tourterelles choisissent un chêne vert pour s'aimer, lançant vers le ciel deux ou trois notes hésitantes pour essayer leur voix et dès la première vibration, quelques feuilles palpitent et le bois tout entier écoute en silence tandis que tout vibre autour d'elles.
L'Amour c'est ça!
Alors donc, adieu l'Amour, adieu la vie... c'est bien fini pour Jeanne, que de la fraîcheur du printemps, bien peu il lui en est resté la trace!
Désormais il ne la perce plus de sa flèche arrogante et ivre à demi, son ivresse est maintenant la tristesse.
Tout en elle est lassé de fausses allégresses et elle ne se souvient que des baisers que l'on oublie et de sa beauté qui sut jadis l'éblouir...
Mais elle aime se dire qu'elle a vécu d'aimer et voilà pourquoi elle aime au risque de souffrir encore...
Mais quand le jour s'éteint et que le crépuscule prend des couleurs étranges, ses regards humides et caressants vont là où se pose le couchant qui embrase l'horizon aux chromatismes légendaires.
Elle regarde passer des couples éphémères et se demande... “pourquoi vivons-nous si peu?”.
Ô, Amour, écoute ses pensées qui ne sont qu'un "aime-moi encore"… avant que le charme dernier s'évapore et emporte avec lui tous les désirs. - Seule l'idée lui est souffrance! -
Elle sait que ce n'est pas tout de t'aimer, il faut aussi te plaire, tu es le Roi et elle répète ton nom qui fait envie… ton nom qui joint les cœurs de tout’ âges devenant eau de vie...
Amour!... N'entends-tu pas son cœur simple et malheureux qui te pleure?
Mais elle rougit d'oublier que désormais les saisons vous séparent à jamais...
Et la voilà toute seule dans la platitude et la noirceur de ses nuits silencieuses, où elle s'entête affreusement de t’appeler, et presque avec courage elle se dit et se répète... "peut-être que tu ne reviendras plus jamais!”.
C'est alors qu'elle agonise comme agonise la fleur se souvenant à peine de tes petits cris étouffés, paupières closes, - quand tu ne savais te taire sous le souffle violent de l'extase-
Je crois que c’est à ce moment qu'elle t'aima abominablement.
Adieu Amour, adieu la vie… c’est bien fini pour elle désormais! (...)